Mawazine 2009

[mercredi 13 mai 2009]

Aziz Daki, directeur du Festival Mawazine, rythmes du monde























 

















A
quelques jours de l'ouverture de la 8e édition du «Festival
international Mawazine, rythmes du monde», Aziz Daki, directeur de ce
festival, nous a accordé un entretien qui fait le point et nous décline
à la fois l'esprit et les modalités d'une manifestation de plus en plus
prisée.
 








Placé
sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui en est
l'initiateur, le Festival Mawazine est devenu une référence nationale
et internationale, il propose cette année une exceptionnelle palette
d'artistes et de musiciens majeurs, dont certains atteignent la
célébrité rarement acquise.
De ce fait, il favorise l'accès à la
grande musique - la world music - par le grand public et fait de la
ville de Rabat l'une des capitales artistiques dans le monde. Nous
sommes conviés, cette année, à découvrir un répertoire sans commune
mesure avec ce que l'on a pu voir jusqu'ici, une programmation riche,
diversifiée et qui répond, en somme, à tous les goûts et à tous les
registres. Entre Stevie Wonder et Mayra Andrade, deux figures
emblématiques de la musique world diversifiée, en passant aussi par
Ennio Morricone, Kelly Minogue, Haïm Look ou Fathallah Mghari, le
festival nous propose une immense pléiade d'artistes, chanteurs,
compositeurs, créateurs tout simplement qui dominent la scène mondiale.
Tant et si bien que nous n'avons aucun mal à souligner - quitte à nous
répéter - que le «Festival Mawazine est à présent une référence
mondiale», à l'image de ce Maroc nouveau qu'incarne, sans aucun doute,
le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Festival de partage
et de tolérance, il est surtout une plate-forme de convivialité et de
fraternité universelle. Aziz Daki ne s'y trompe pas d'ailleurs:
«L'écho, dit-il, nous vient d'ailleurs, essentiellement des acteurs de
la musique en Europe et aux Etats-Unis qui sont très surpris par la
taille de ce festival et qui nous répètent que Mawazine fait partie des
grands festivals du monde ». Eût-il été besoin de le souligner
qu'un tel témoignage, recueilli auprès des professionnels
internationaux, suffirait à nous convaincre que Mawazine ne le cède en
rien, ni en programmation ni en choix pertinent, encore moins en termes
de cadre à tous les autres festivals du monde. La musique, expression
de partage, est aujourd'hui à Rabat ce que la fraternité et l'émotion à
l'humanité.
----------------------------------------------------------------

Souci de la qualité, programmation diversifiée, proximité des grandes figures de la musique et ambiance conviviale

Le
Matin : Placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed
VI qui en demeure l'initiateur, le Festival Mawazine a désormais huit
ans. Sous cette exigence suprême, il ne peut que réussir et engranger
les succès. Quel est votre sentiment à cet égard ?

 Aziz Daki :

La Haute sollicitude de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de même que ses
encouragements, représentent pour toute l'équipe du festival Mawazine
une source de fierté. Nous savons l'intérêt que porte Sa Majesté à
Mawazine. Cet intérêt honore toutes les personnes qui travaillent dans
le festival et les responsabilise davantage. Chacun de nous est
conscient de ce que représente ce festival. Chacun de nous trouve dans
le soutien de Sa Majesté le Roi un motif et un élan pour porter la
manifestation vers le meilleur.

La nouvelle édition du
festival Mawazine, musiques du monde se place cette année également
sous le signe d'un renouvellement réel, à tous points de vue. Quelles
en sont les raisons et les motivations ?


L'année
dernière, le festival Mawazine a surpris le public et les observateurs
par la qualité de la programmation et la catégorie des stars qui y
étaient invitées. L'effet de surprise a joué en notre faveur.
Cette
année-ci, nous savons que le public sera plus exigeant, parce qu'il
s'attend à mieux. Nous n'avons épargné aucun effort pour améliorer la
qualité des prestations fournies l'année dernière. En plus de la
programmation artistique qui parle d'elle-même, nous avons accordé
beaucoup d'intérêt au confort des spectateurs. A cet égard, la grande
scène int
ernationale a été déplacée du site du Bouregreg à OLM Souissi. Les accès y sont plus faciles et la circulation plus fluide.

Et qu'en est-il de la programmation ?

La
cohérence de la programmation, liée aux neuf sites du festival, a été
davantage affermie. Désormais, chaque scène couvre une catégorie de
musique facilement identifiable aux yeux des amateurs.
La scène du
Bouregreg célèbre les musiques du continent africain, celle de Hay
Nahda, les artistes orientaux, celle de la place Moulay El Hassan,
la chanson marocaine, celle du Chellah est portée vers la découverte
des musiques du monde, celle de Qamra vers des groupes populaires et
des musiques festives…
L'ensemble est tenu par un fil rouge qui
confère son identité au festival Mawazine. Il ne faut pas oublier non
plus les actions de fond. Nous avons demandé dans ce sens à des
artistes invités au festival d'animer trois ateliers de formations en
direction des élèves des conservatoires de musiques.

Pourriez-vous
nous confirmer la présence de tous les grands artistes, ces figures
«majeures» de la musique à l'affiche, annoncés il y a quelques
semaines déjà ?


 Je
confirme la présence de toutes les têtes d'affiche annoncées à la
huitième édition du festival Mawazine. Il convient à ce sujet de
préciser qu'un festival n'a pas le droit d'annoncer la présence d'un
artiste de la catégorie de Stevie Wonder, Kylie Minogue ou Alicia Keys
avant que le contrat ne soit signé par les deux parties. Mieux, les
artistes communiquent déjà sur leurs concerts à Mawazine. Alicia Keys a
expliqué par exemple qu'elle a accepté de chanter à Rabat, parce
qu'elle avait envie de chanter en Afrique – terre de ses ancêtres.

La
programmation, le choix des musiciens, le souci aussi d'offrir un
répertoire inédit, une palette la plus large possible mais aussi la
plus éclectique semblent inspirer plutôt une démarche de « faire
dans le haut de gamme ». Cela vous a été facile ou laborieux à
mettre en place ? Et quel est l'objectif ?


La
préparation de Mawazine est l'œuvre d'une équipe, dévouée, passionnée
et professionnelle. Nous travaillons toute l'année sur la préparation
du festival. En ce qui concerne l'artistique, il y a trois personnes
qui travaillent avec moi. Mahmoud Lemseffer pour la programmation des
artistes orientaux, Hassan Neffali pour la programmation marocaine et
Nasser Houari pour la soirée takassim-mawawil. Mais il y a aussi tous
les aspects liés à la technique, à la production, à la logistique, à la
communication, à la presse et au marketing qui sont la face immergée de
l'iceberg. Ces aspects-là sont portés par des personnes engagées, dont
certaines évoluent loin des feux des projecteurs, et qui accomplissent
un travail de fond, remarquable et indispensable à l'avènement du
festival. Quant à la catégorie dite «major artists», l'année dernière,
nous avons eu plus de mal à toucher ces artistes, parce que nous avons
contacté les grandes agences mondiales qui ne connaissaient pas le
marché marocain.

Ceux qui sont venus l'année dernière ont vu
et ont parlé de ce qu'ils ont vu. Ils ont vu un public extraordinaire,
des qualités techniques pour se produire sur scène qui n'ont rien à
envier à ce qui se fait de mieux en Europe et un respect des
engagements contractuels. Les témoignages enthousiastes de ces artistes
sont repris sur le site du festival. Le coup réussi de l'année dernière
a crédibilisé Mawazine aux yeux de toutes les grandes agences
mondiales. Aujourd'hui, non seulement ces agences nous connaissent,
mais elles nous font confiance. Et cette confiance ne profite pas
seulement à Mawazine, mais à d'autres festivals au Maroc, pays que
certains promoteurs de musique qualifient déjà de marché émergent.

On
dit que le festival Mawazine, et chaque édition s'efforce de le
confirmer, est à la fois à la dimension du Maroc nouveau et de ses
exigences et de celle des grands festivals dans le monde ? Qu'en
pensez-vous ?


En tout cas, Mawazine établit On dit que
le festival Mawazine, et chaque édition s'efforce de le confirmer, est
à la fois à la dimension du Maroc nouveau et de ses exigences et de
celle des grands festivals dans le monde ? Qu'en pensez-vous ?
Maroc,
ne serait-ce que par rapport à la catégorie des artistes qui y sont
invités et aux moyens scéniques qui y sont investis. C'est vrai que
nous sommes tellement dedans que nous ne voyons pas le chemin parcouru
par ce festival.
L'écho nous vient d'ailleurs, essentiellement des
acteurs de la musique en Europe et aux USA qui sont très surpris par la
taille de ce festival et qui nous répètent que Mawazine fait partie des
grands festivals au monde.

Le programme, exigeant dans sa
quête qualitative, porte également une partie de la musique de chez
nous et notamment une dimension patrimoniale ? Qu'en est-il ?


La
promotion et la diffusion de la musique marocaine constituent l'un des
socles du festival Mawazine. La scène de la place Moulay El Hassan
donne un aperçu de la richesse et de la diversité de cette musique.
Nombre de groupes porteurs des musiques urbaines au Maroc se produisent
à la scène du Qamra. Sans parler des créations de cette année, dont
deux méritent l'intérêt. La première est un hommage à un genre
patrimonial, la Aïta, avec la participation de pas moins de trente
troupes. La seconde est une création entre le célèbre guitariste Al Di
Meola et le grand luthiste Saïd Chraïbi.

«Mawazine» a
réconcilié la ville de Rabat avec elle-même, mais aussi l'ensemble des
Marocains avec la musique du monde parce qu'ils s'y rendent chaque
fois. Comment voyez-vous le développement futur de ce festival, sa
place dans le monde un jour aussi ?


La meilleure
réussite de Mawazine est l'adhésion de ses publics. Il faut se
représenter que chacune des neuf scènes du festival avait attiré un
très large public l'année dernière.
Il n'y a pas un public, mais
des publics au Maroc et Mawazine n'élimine aucune catégorie de public,
tout en respectant le concept de la manifestation et en conciliant
qualité et popularité des concerts. L'année dernière, nous avons eu 1,2
million de personnes. Cette année-ci, nous en attendons davantage. Il
est clair que beaucoup de visiteurs viendront de toutes les villes du
Royaume. Il est tout aussi clair que des personnes viendront les
week-ends de l'étranger, comme nous en avons reçu la demande. Notre
ambition est que Mawazine devienne une date, internationalement connue,
et un rendez-vous où il faut se déplacer pour toutes les personnes
sensibles aux genres de musiques qui y sont présentés.

On
parle de la « Fête dans la ville », pourriez-vous nous dire
comment le public perçoit le festival, se l'approprie-t-il ou non, et
nous situer son rapport à une manifestation devenue patrimoniale ?


Comme
tout festival, Mawazine introduit la fête et rompt avec le rythme
quotidien d'une ville. Le fait est que cette fête est d'autant visible
à Rabat que cette ville avait la réputation d'être calme et peu propice
au rythme. Avec tous les chantiers culturels qui y sont lancés et la
présence d'un festival aux sons très rythmés, Rabat montre le visage
d'une grande cité urbaine, ouverte sur le monde et aux expressions
artistiques les plus audacieuses. La fête dans la ville, nous y tenons
beaucoup.

La preuve, c'est que nous ne limitons pas le festival
aux neuf scènes, mais introduisons le festival jusque dans les
quartiers et les ruelles les plus reculés. Deux fanfares, Ciocarlia de
Roumanie et Maharadja Brass Band d'Inde, vont déambuler dans les
quartiers populaires de Rabat. L'accueil, très chaleureux réservé par
le public aux fanfares de l'année dernière, a constitué l'un des plus
beaux moments de Mawazine.





 





 

 









Aziz Daki
 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire